L'école Rudolf Steiner : Pourquoi ?
La transmission des savoirs ne suffit pas
La crise de l'école montre partout la limite des systèmes d'enseignement qui visent exclusivement l'entraînement de l'intellect et la transmission des savoirs abstraits. Cette crise n'épargne aujourd'hui presque aucun des pays développés. Mais l'absence, dans notre pays, d'un pluralisme pédagogique véritable, le prive des expériences et de l'émulation qui pourraient le conduire à considérer des voies de changement insuffisamment explorées jusque là.
Pour le grand public, l'école est, au fond, une affaire d'Etat, et ce dernier incline à n'évaluer, et par conséquent à n'adapter son système scolaire qu'en fonction des missions implicites ou explicites qu'il croit devoir lui assigner, des idéologies qui le conduisent et des urgences conjoncturelles qu'il doit chercher à résoudre : intégration, préparation à l'emploi, lutte contre le chômage, etc.
Mais la société doit-elle tenter d'obtenir de son école, qu'elle éduque les générations montantes en fonction d'elle-même, de ses visées, de ses besoins ? Ne risque-t-elle pas alors de s'enfermer dans la reproduction et l'aggravation de ses contradictions et de ses impasses ?
N'y a-t-il pas place pour une attitude qui prend la question par l'autre bout : celle du pari sur l'homme, sur l'universellement humain en chaque enfant qui n'attend que d'être accueilli, reconnu, accompagné et nourri pour parvenir à son plein épanouissement ?
L'école R. Steiner, depuis 75 ans, est fondée sur cette haute idée de la liberté de l'homme, convaincue que l'amour, la confiance, et l'enthousiasme, au lieu et place de l'ambition, la crainte et la compétition, dotent les enfants de la sérénité et des forces qui leurs seront indispensables pour avancer dans un monde incertain, y réaliser leur projet d'existence, en contribuant au progrès de l'homme.
Croire en l'homme
Accueillir l'enfant à l'école, cela signifie le reconnaître dans sa personne individuelle, établir avec lui une relation de confiance et de responsabilité dans la continuité.
Lorsque ces bases sont posées, l'école peut alors répondre aux besoins fondamentaux de l'être humain en développement qui lui est confié. Elle a à cœur de favoriser l'épanouissement de sa créativité individuelle, de lui offrir les conditions de l'exercice concret du respect d'autrui est de l'éclosion de sa conscience sociale, de développer ses potentialités intellectuelles, manuelles, artistiques, de l'ouvrir à son environnement naturel et au monde, et de le conduire progressivement vers l'autonomie. Plus tard, elle accompagnera dans ses choix d'orientation et fera de son mieux pour lui permettre de trouver, le moment venu, sa juste place dans la société, d'y faire preuve d'initiative, donc bon usage de sa liberté conquise.
Croire en l'homme, cela signifie être convaincu que le rôle de l'école ne se borne pas à simplement reproduire chez l'enfant les savoirs et les valeurs de l'adulte. L'enseignement, certes indispensable, n'est-il pas plutôt l'occasion de l'éducation ainsi repensée ?
Croire en l'homme c'est être convaincu que dans chaque enfant réside un mystère de créativité, un potentiel d'intuitions, d'idées novatrices qui demain, pourront venir féconder la société, l'enrichir de qualités nouvelles.
La tâche de l'enseignant devient alors celle d'un artiste, d'un créateur appelé à favoriser l'épanouissement de chaque enfant dont il a la charge, à l'accompagner vers la découverte de sa voie originale.
Et, loin de se dérober à la tâche éducative, l'enseignant qui partage cette conviction, l'ose véritablement, en prend la responsabilité et sait l'assumer.
· L'enseignant, un créateur
Fondée, il y a plus de 70 ans, la pédagogie de Rudolf Steiner, dite encore pédagogie Waldorf, a une contribution significative à apporter dans un espace où l'on a reconnu que le pluralisme est générateur d'émulation.
Rudolf Steiner voit, dans l'éducation et l'enseignement, non pas seulement une science, mais un art. Cela exige que l'enseignant, dans sa classe, soit en mesure de faire œuvre de créateur et suppose donc des conditions. Les unes s'imposent à lui : a-t-il développé les facultés et les talent suffisants qui lui garantissent la maîtrise des règles de l'art ? Les autres interrogent l'établissement : dispose-t-il de l'autonomie spirituelle" requise ? Autrement dit, est-il en mesure de garantir au "créateur" l'espace de liberté qui lui est indispensable ?
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